Le deuxième numéro de la revue URBAMAG comporte quatre communications parmi celles qui ont été présentées à Alger, à l’occasion de la rencontre de la section régionale APERAU Maghreb, les 4, 5 et 6 décembre 2004, autour du thème « logique institutionnelle et logique citadine à l’oeuvre dans les villes du Maghreb : acteurs, instruments et enjeux ».

Pour tenter de mesurer le degré d’efficacité d’un nouveau modèle d’urbanité comme alternative au désengagement financier de l’État, suite à l’explosion des villes marocaines, Wafa Oueld el Maâllem fait état de l’émergence des associations et amicales, qui, bien que « volontaires » et « dynamiques » se heurtent à un paradoxe insoluble. À défaut d’une négociation constructive, il s’est installé une ambiguïté contraignante : État/habitants des quartiers clandestins. Cette ambiguïté est aussi doublée d’une méfiance et d’une sous-estimation du pouvoir des associations par ceux-là mêmes qu’elles sont censées représenter. L’incompatibilité de l’intégration et de l’autonomie revendiquées, font que la reconnaissance demeure une affaire d’État, alors que toute intervention institutionnelle est perçue comme une ingérence menaçant leur intégrité.

Dans le même esprit de désengagement de l’Etat, Hajer Trifa Jamoussi indexe les étapes du transfert progressif de la responsabilité étatique et les différentes mesures engagées dans la nouvelle gestion urbaine projetée

Les deux dernières communications font intervenir la dimension dynamique dans l’analyse du rapport des deux instances (l’institution et la citadinité) face à la marginalisation métropolitaine.

Hatem Kahloun justifie le rythme actuel d’urbanisation, dans les petites villes limitrophes de la capitale, par l’histoire migratoire. La question foncière est au coeur de la régulation sociale. Les systèmes palliatifs mis en place afin de résoudre les problèmes financiers achoppent sur l’impossibilité de la concurrence et se heurtent de nouveau à la suprématie de la capitale.

Rahoui Houcine fait remonter la nouvelle configuration urbaine, illicite, à l’action coloniale marginalisante des autochtones. Déconfiguration et reconfiguration retracent les étapes embryonnaires ou en gestation du processus de réappropriation de l’espace tlemcénien.

Il est patent que les différentes contributions mettent en exergue le poids important de l’institutionnel – l’Etat et l’administration – dans l’aménagement des villes maghrébines. En effet, l’intervention de l’autorité publique est souvent perçue comme incontournable par les habitants eux-mêmes.

Mais il est évident que la question de l’implication des citadins dans la gestion urbaine et/ou le développement local des villes maghrébines dépasse le cadre étroit des processus d’aménagement et se rattache plutôt à une problématique plus large, celle de l’autonomie des sociétés civiles au Maghreb par rapport à des Etats omniprésents. En d’autres termes, la nature du rapport du binôme « logiques institutionnelles / logiques citadines » dépend nécessairement du degré d’avancement de la participation citoyenne et de la démocratisation de l’espace public dans les différents pays du Maghreb.

Comme nous le révèlent les différentes communications publiées dans ce deuxième numéro d’URBAMAG, l’action d’aménagement n’étant pas réductible à des dimensions techniques, administratives ou académiques, elle est donc une action qui interroge inéluctablement la sphère politique.